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LES MILLE ET UN JOURS

XC

Il ne restait plus que le gouverneur, qui vint aussi à minuit se présenter à la porte. Dalla l’introduisit de même que les deux autres, et Arouya le reçut de la même manière. Elle lui fit bien des caresses, et lorsqu’elle s’aperçut que le vieux seigneur devenait trop pressant, elle fit un signe dont elle était convenue avec Dalla, qui sortit. Un moment après on entendit frapper assez rudement à la porte de la rue, et bientôt la vieille esclave entra dans la chambre avec précipitation, en disant d’un air effrayé : « Ah, madame, quel contretemps ! Le cadi vient d’entrer ; on le conduit dans l’appartement de votre mari. » — Ô ciel, s’écria la jeune marchande, quel fatal événement ! Ma chère Dalla, poursuivit-elle, va doucement écouter ce que ce juge dit à Banou, et reviens nous en instruire. La vieille esclave sortit une seconde fois, et pendant qu’elle faisait semblant d’être occupée à s’acquitter de la commission dont sa maîtresse l’avait chargée, le gouverneur dit à la dame : « Qui peut amener ici le cadi à l’heure qu’il est ? Banou aurait-il quelque mauvaise affaire ? — Non, répondit Arouya, et je ne suis pas moins étonnée que vous de l’arrivée de ce juge. »

Della, peu de temps après, revint sur ses pas et dit à sa maîtresse : « Madame, j’ai prêté une oreille attentive aux discours qui se tiennent dans l’appartement du seigneur Banou, et j’en ai assez entendu pour savoir de quoi il s’agit. Le cadi vient dans cette