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LES MILLE ET UN JOURS

comme premier en date, il ne manqua pas d’être à la porte de Banou à dix heures précises. Il frappe, la vieille esclave ouvre, le fait entrer et le conduit à l’appartement de sa maîtresse, en lui disant tout bas : « Prenez bien garde de faire du bruit de peur de réveiller le vieux marchand qui repose. »

Aussitôt que Danischemend vit Arouya, qui s’était parée avec autant de soin que s’il eût été question de recevoir un amant aimé, il fut ébloui de l’éclat de ses charmes, et lui dit d’un air passionné : « Ô phénix de la prairie de la beauté ! je ne puis assez admirer mon bonheur. Voilà, poursuivit-il en jetant une bourse sur une table, les deux mille sequins que je vous ai promis ; ce n’est pas trop payer une si bonne fortune. »

LXXXVIII

Arouya sourit à ce discours ; elle tendit la main à l’alfakih, et après l’avoir fait asseoir sur un sopha, elle lui dit : « Seigneur, docteur, ôtez votre turban et votre ceinture, mettez-vous à votre aise. Vous êtes ici comme chez vous. Dalla Moukhtala, continua-t-elle, en s’adressant à la vieille esclave, viens m’aider à déshabiller mon amant, car ses habits le gênent. » En parlant ainsi, la dame défit elle-même la ceinture de Danischemend, et l’esclave lui ôta son turban. Elles le dépouillèrent ensuite toutes deux de sa robe, de manière qu’il demeura en veste et la tête nue. « Commençons, lui dit alors la jeune marchande, par les rafraîchissements que je vous ai préparés. » En