Page:Les Mille et Un Jours, trad. Pétis de la Croix, 1919.djvu/333

Le texte de cette page a été corrigé et est conforme au fac-similé.
317
CONTES ORIENTAUX

docteur, je suis toujours dans les mêmes sentiments : j’ai deux mille sequins à vous donner, aux conditions que je vous ai proposées. — Je vois bien, reprit Arouya, que vous n’en démordrez point. Il faut donc me résoudre de bonne grâce à vous satisfaire. Je vous attend cette nuit, poursuivit-elle, en lui tendant une de ses belles mains, qu’il baisa avec transport ; apportez l’argent que vous m’avez promis, et venez à dix heures précises frapper à la porte de ma maison. Une esclave favorite vous ouvrira, et vous introduira dans mon appartement, où nous passerons la nuit ensemble. »

L’alfakih, à ces paroles qui lui promettaient tout ce qu’il pouvait souhaiter, ne fut pas maître de lui. Il embrassa la jeune femme sans qu’elle pût s’en défendre. Mais elle se débarrassa de ses mains promptement ; et le voyant dans une disposition à ne pas manquer au rendez-vous qu’elle lui donnait, elle sortit de chez lui pour aller faire le même personnage à l’hôtel du cadi.

LXXXVII

D’abord qu’elle fut en particulier avec ce juge, elle lui dit : « Ô monseigneur, depuis que je vous ai quitté je n’ai pas goûté un moment de repos. J’ai mille fois rappelé dans ma mémoire toutes les choses que vous m’avez dites. Il m’a paru que je ne vous déplaisais pas, et qu’il ne tiendrait qu’à moi de vous avoir pour amant. Quelle satisfaction pour une bourgeoise de se