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LES MILLE ET UN JOURS

lui rendraient ce qu’il leur avait prêté ; mais les uns nièrent la dette, et les autres se trouvèrent hors d’état de s’acquitter. Ce qui causa tant de chagrin à Banou qu’il en tomba malade.

Pendant sa maladie, il se ressouvint par hasard d’avoir prêté mille sequins d’or à un docteur de sa connaissance. Il appela sa femme et lui dit : « Ô ma chère Arouya, il ne faut point encore nous désespérer. Je viens de rappeler dans ma mémoire un de mes débiteurs que j’avais oublié. Je lui ai autrefois prêté mille sequins d’or : c’est le docteur Danischemend. Je ne le crois pas d’aussi mauvaise foi que les autres. Va chez lui, puisque je ne puis y aller moi-même, et lui dis que je le prie de m’envoyer la somme qu’il a reçue de moi. »

LXXXIV

Arouya prit aussitôt son voile et se rendit à la maison de Danischemend. On la fît entrer dans l’appartement de l’alfakih, qui la pria de s’asseoir et de lui dire ce qui l’amenait. « Seigneur docteur, répondit la jeune femme en levant son voile, je suis l’épouse de Banou le marchand : il vous souhaite toutes sortes de prospérités avec le salut, et vous conjure d’avoir la bonté de lui rendre les mille sequins d’or qu’il vous a prêtés. »

À ces paroles, que la belle Arouya prononça d’un air doux et gracieux, le docteur, plus rouge que du feu, attacha ses yeux sur la femme du marchand, et lui répondit en faisant l’agréable : « Ô visage de fée !