Page:Les Mille et Un Jours, trad. Pétis de la Croix, 1919.djvu/315

Le texte de cette page a été corrigé et est conforme au fac-similé.
299
CONTES ORIENTAUX

expédient : « Ma princesse, dis-je une nuit à Schirine, nus avons oublié d’observer une formalité dans notre mariage. Vous ne m’avez point donner de dot, et cette omission me fait de la peine. — Eh bien ! cher époux, me répondit-elle, j’en parlerai demain à mon père, qui m’enverra sans doute ici toutes ses richesses. — Non, non, repris-je, il n’est pas besoin de lui parler, je me soucie peu de trésor ; les richesses me sont inutiles. Il suffira que vous me donniez quelques-uns de vos bijoux, c’est la seule dot que je vous demande. » Schirine me voulut charger de toutes ses pierreries pour rendre la dot plus honnête ; mais je me contentai de prendre deux gros diamants que je vendis le jour suivant à un joailler de Gazna. Je me mis, par ce moyen en état de continuer à faire le personnage de Mahomet.

Il y avait déjà près d’un mois qu’en passant pour le prophète je menais une vie fort agréable, lorsqu’il arriva dans la ville de Gazna un ambassadeur qui venait de la part d’un roi voisin demander Schirine en mariage. Il eut bientôt audience, et dès qu’il eut exposé le sujet de son ambassade, Bahaman lui dit : « Je suis fâché de ne pouvoir accorder ma fille au roi votre maître, je l’ai donnée en mariage au prophète Mahomet. » L’ambassadeur jugea par cette réponse que le roi de Gazna était devenu fou. Il prit congé de ce prince et retourna vers son maître, qui crut d’abord comme lui, qu’il avait perdu l’esprit ; ensuite imputant à mépris ce refus, il en fut piqué ; il leva des troupes, forma une grosse armée, et entra dans le royaume de Gazna.

Ce roi, nommé Cacem, était plus fort que Bahaman, qui d’ailleurs se prépara si lentement à recevoir son ennemi, qu’il ne put l’empêcher de faire de grands progrès. Cacem battit quelques troupes qui voulurent