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LES MILLE ET UN JOURS

qu’un palais magnifique qui s’offrait à mes yeux à l’extrémité de la plaine. Je souhaitais passionnément de savoir où j’étais, et je songeais déjà de quelle manière je pourrais satisfaire ma curiosité, lorsque je vis dans la campagne un paysan qui labourait la terre. Je descendis dans le bois, j’y laissai mon coffre, et m’avançai vers le laboureur, à qui je demandai comment s’appelait cette ville. « Jeune homme, me répondit-il, on voit bien que vous êtes étranger, puisque vous ne savez pas que cette ville se nomme Gazna. L’équitable et vaillant roi Bahaman y fait son séjour. — Et qui demeure, lui dis-je, dans ce palais que nous voyons au bout de la plaine ? — Le roi de Gazna, repartit-il, l’a fait bâtir pour y tenir enfermée la princesse Schirine sa fille, qui est menacée par son horoscope d’être trompée par un homme. Bahaman, pour rendre cette prédiction vaine, a fait élever ce palais qui est de marbre, et que de profonds fossés d’eau entourent. La porte est en acier de la Chine, et outre que le roi en a la clef, il y a une nombreuse garde qui veille jour et nuit pour en défendre l’entrée à tous les hommes. Le roi va voir une fois la semaine la princesse sa fille ; ensuite il s’en retourne à Gazna. Schirine n’a pour toute compagnie dans ce palais qu’une gouvernante et quelques filles esclaves. »

LXXVIII

Je remerciai le paysan de m’avoir instruit de toutes ces choses, et je tournai mes pas vers la ville. Comme