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LES MILLE ET UN JOURS

sûrement ; je vous fais présent de ce coffre ; vous vous en servirez s’il vous prend envie quelque jour de parcourir les pays étrangers. Ne vous imaginez pas, poursuivit-il, qu’il y ait de l’enchantement dans ce que vous venez de voir ; ce n’est point par des paroles cabalistiques, ni par la vertu d’un talisman que ce coffre s’élève en l’air ; son mouvement est produit par l’art ingénieux qui enseigne les forces mouvantes. Je suis consommé dans les mécaniques, et je sais faire encore d’autres machines aussi surprenantes que celle-ci. »

Je remerciai l’étranger d’un présent si rare, et je lui donnai par reconnaissance une bourse pleine de sequins. « Apprenez-moi, lui dis-je ensuite, comment il faut faire pour mettre ce coffre en mouvement ? — C’est une chose que vous saurez bientôt, me répondit-il. » À ces paroles, il me fit entrer dans la machine avec lui, puis il toucha un ressort, et aussitôt nous fûmes enlevés en l’air : alors me montrant de quelle manière il fallait s’y prendre pour se conduire sûrement : « En tournant cette vis, me dit-il, vous irez à droite, et en tournant celle-là, vous irez à gauche ; en tournant ce ressort, vous monterez ; en touchant celui-là, vous descendrez. » J’en voulus faire l’essai moi-même. Je tournai les vis et touchai les ressorts ; effectivement, le coffre, obéissant à ma main, allait comme il me plaisait, et j’en précipitais à mon gré ou ralentissais le mouvement. Après avoir fait plusieurs caracoles dans les airs, nous prîmes notre vol vers ma maison, et allâmes descendre dans mon jardin, ce que nous fîmes aisément, parce que nous avions ôté le tapis qui couvrait la machine à laquelle il y avait plusieurs trous, tant pour y avoir de l’air que pour regarder.