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CONTES ORIENTAUX

LXXVII

Quand le menuisier et l’esclave furent arrivés, l’étranger dit au premier de faire un coffre long de six pieds et large de quatre ; l’ouvrier mit aussitôt la main à l’œuvre. L’étranger, de son côté, ne demeura pas oisif ; il fit plusieurs pièces de la machine, comme des vis et des ressorts ; ils travaillèrent l’un et l’autre toute la journée ; après quoi le menuisier fut renvoyé. L’étranger passa le jour suivant à placer les ressorts et à perfectionner l’ouvrage.

Enfin, le troisième jour le coffre se trouvant achevé, on le couvrit d’un tapis de Perse et on le porta dans la campagne, où je me rendis avec l’étranger, qui me dit : « Renvoyez vos esclaves, et demeurons ici seuls ; je ne suis pas bien aise d’avoir d’autres personnes que vous pour témoin de ce que je vais faire. » J’ordonnai à mes esclaves de retourner au logis, et je restai seul avec cet étranger. J’étais fort en peine de savoir ce qu’il ferait de cette machine, lorsqu’il entra dedans : en même temps le coffre s’éleva de terre et fendit les airs avec une vitesse incroyable ; dans un moment il fut fort loin de moi, et un moment après il revint descendre à mes pieds.

Je ne puis exprimer à quel point je fus surpris de ce prodige. « Vous voyez, me dit l’étranger en sortant de la machine, une voiture assez douce, et vous devez être persuadé qu’en voyageant de cette manière on ne craint pas d’être volé sur la route : voilà ce moyen que je voulais vous donner pour faire des voyages