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LES MILLE ET UN JOURS

elle-même un détail de son enlèvement et de sa délivrance, ce qu’elle ne manqua pas de faire, de façon qu’il fut fort satisfait. Il eut lieu de penser qu’elle avait heureusement sauvé sa vertu de l’insolence du ravisseur et n’avait pas poussé trop loin la reconnaissance envers son libérateur. Aussi parut-il charmé de ma retenue et de ma générosité.

Nous retournâmes tous au palais, où le roi me donna un magnifique appartement. Il ordonna des prières publiques pour rendre grâces au ciel du retour de la princesse. Ensuite, les habitants le célébrèrent par une infinité de réjouissances. Il y eut un festin superbe à la cour ; toute la noblesse de l’île y fut invitée : on y fit une chère excellente, et l’on y prodigua l’areka[1].

LXXV

Le roi de Sérendib me faisait mille caresses ; il me menait à la chasse avec lui ; j’étais de toutes ses parties de plaisir. Insensiblement il prit tant d’amitié pour moi, qu’il me dit un jour : « Ô mon fils, il est temps de vous découvrir un dessein que j’ai formé. Vous m’avez rendu ma fille, vous avez consolé un père affligé, je veux m’acquitter envers vous. Soyez mon gendre et l’héritier de ma couronne.

  1. Arbre qui croit particulièrement dans l’île de Ceylan. Son fruit est un peu aigre, et pourtant fort agréable. Les habitants de l’île, qui vivent d’ordinaire assez longtemps, en attribuent la cause à l’usage de ce fruit.