Page:Les Mille et Un Jours, trad. Pétis de la Croix, 1919.djvu/291

Le texte de cette page a été corrigé et est conforme au fac-similé.
275
CONTES ORIENTAUX

achevé ces paroles, que le roi, qui était un bon vieillard, se mit à pleurer. « Hélas, me dit-il, je ne suis pas plus heureux que vous : j’ai perdu ma fille unique, d’une manière qui augmente encore la douleur que j’ai de ne la voir plus. — Seigneur, lui dis-je, je ne viens dans ce palais que pour vous apprendre les nouvelles de cette princesse. — Eh ! quelles nouvelles, s’écria-t-il, m’en pouvez-vous dire ? Vous venez donc m’annoncer sa mort ? Vous avez sans doute été témoin de sa fin déplorable ? — Non, non, lui repartis-je, elle vit et vous la verrez dès aujourd’hui. — Hé ! où l’avez-vous rencontrée, reprit le roi ; dans quel lieu était-elle cachée ?

Alors je lui racontai toutes mes aventures : je m’étendis particulièrement sur celle du château et du génie, qu’il écouta avec d’autant plus d’attention qu’il y prenait plus d’intérêt. D’abord que j’en eus achevé le récit, il m’embrassa. « Prince, me dit-il, car je lui avais découvert ma naissance en lui contant mon histoire, que ne vous dois-je point ? J’aime tendrement ma fille ; je n’espérais pas la revoir, vous me la faites retrouver, comment puis-je m’acquitter envers vous ? Allons ensemble, poursuivit-il, allons au caravansérail où vous l’avez laissée, je brûle d’impatience d’embrasser ma chère Malika. » En achevant ces paroles, il donna ordre à son vizir de faire prépaper une litière, ce qui fut promptement exécuté. Le roi me fit ensuite entrer avec lui dans la litière, et tous deux, suivis de quelques officiers à cheval, nous nous rendîmes au caravansérail, où Malika m’attendait impatiemment. Il n’y a point de termes qui puissent exprimer la joie mutuelle que le roi de Sérendib et la princesse sa fille ressentirent en se revoyant. Après leurs premiers transports, ce monarque voulut que Malika lui fit