Page:Les Mille et Un Jours, trad. Pétis de la Croix, 1919.djvu/290

Le texte de cette page a été corrigé et est conforme au fac-similé.
274
LES MILLE ET UN JOURS

toi que tu nous portes tous deux dans l’île de Sérendib ; tu mériterais, pour avoir enlevé Malika, que j’employasse pour le punir tout le pouvoir que me donne le cachet du prophète sur les génies rebelles. »

Le génie ne répliqua rien à ces paroles ; il se disposa sur-le-champ à faire ce que je lui avais ordonné : il nous prit entre ses bras, la princesse et moi, et nous transporta dans le moment aux portes de Sérendib. « Est-ce là, me dit alors le génie, tout ce que vous souhaitez que je fasse ? N’avez-vous rien de plus à m’ordonner ? » Je lui répondis que non, et aussitôt il disparut.

Nous allâmes loger au premier caravansérail en entrant dans la ville, et là, nous mîmes en délibération si nous écririons à la cour ou si j’irais moi-même trouver le roi pour l’avertir de l’arrivée de la princesse. Ce dernier sentiment prévalut, je me rendis au palais, qui me parut d’une structure assez singulière. Il était bâti sur seize cents colonnes de marbre, et l’on y montait par un escalier de trois cents marches d’une très belle pierre. Je passai au travers d’une garde qui était dans la première salle ; il vint à moi un officier, qui, jugeant à mon air que j’étais étranger, me demanda si j’avais quelque affaire à la cour, ou si la curiosité seule m’y amenait ? Je lui répondis que je souhaitais d’entretenir le roi d’une chose importante. L’officier me mena au grand vizir, qui me présenta au roi son maître.

« Jeune homme, me dit ce monarque, de quel pays êtes-vous, et que venez-vous faire à Sérendib ? — Sire, lui répôndis-je, l’Égypte m’a vu naître ; depuis longtemps déjà je suis éloigné de mon père, et j’éprouve toutes sortes de malheurs. » À peine eus-je