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CONTES ORIENTAUX

quoi ! repris-je, Bedy-Aljemal n’est donc plus au monde ? — Non, sans doute, reprit-il ; c’était une maîtresse de ce grand prophète »

LXXIV

Je fus bien mortifié d’apprendre que j’aimais un objet dont le sort était terminé depuis longtemps. « Oh ! insensé que je suis ! m’écriai-je, pourquoi n’ai-je pas demandé au sultan mon père de qui était le portrait que j’ai trouvé dans son trésor ? il m’aurait appris ce que je viens d’entendre. Que je me serais épargné de peines et de craintes mortelles ! J’aurais combattu mon amour dans sa naissance ; il n’aurait peut-être pas pris tant d’empire sur moi ; je ne serais point sorti du Caire, Saed vivrait encore : faut il que sa mort soit le fruit de mes sentiments chimériques ! Tout ce qui me console, belle princesse, continuai-je en me tournant vers Malika, c’est de pouvoir vous être utile ; grâce à mon anneau, je suis en état de vous rendre au roi votre père. »

En même temps, j’adressai la parole au génie : « Puisque je suis assez heureux, lui dis-je, pour être possesseur du cachet de Salomon ; puisque j’ai droit de commander aux génies, obéis-moi ; je t’ordonne de me transporter tout à l’heure, avec la princesse Malika, dans le royaume de Sérendib, aux portes de la ville capitale. — Je vais vous obéir, seigneur, me répondit le génie, quelque chagrin que me puisse causer la perte de la princesse. — Tu es bien heureux, repris-je, que je me contente d’exiger de