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LES MILLE ET UN JOURS

répondit-il, c’est lui qui vous a sauvé des bêtes qui sont dans cette île. — Apprenez-moi, lui dis-je, si vous le savez, ce qu’est devenu le compagnon que j’avais en arrivant ? — Je sais le présent et le passé, repartit le génie, et je vous dirai que votre camarade a été mangé par les fourmis, qui le dévorèrent la nuit à vos côtés. Ces sortes de fourmis sont en grand nombre, et rendent cette île inhabitable. Elles n’empêchent pas pourtant que les peuples voisins, et surtout les habitants des Maldives, n’y viennent tous les ans couper du sandal ; mais ce n’est pas sans peine qu’ils en emportent, et voici de quelle manière ils s’y prennent : ils se rendent ici pendant l’été ; ils ont dans leurs vaisseaux des chevaux fort vite qu’ils débarquent, et sur lesquels ils montent ; ils courent à toutes brides partout où ils aperçoivent du sandal, et dès qu’ils voient venir à eux des fourmis, ils leur jettent de gros morceaux de viande dont ils se sont chargés pour cet effet.

Pendant que les fourmis sont occupées à manger ces morceaux de chair, les hommes marquent les arbres qu’ils veulent couper, après quoi ils s’en retournent. L’hiver ils reviennent et coupent les arbres sans craindre les fourmis, qui durant cette saison ne se montrent pas. »

Je ne pus apprendre l’étrange destinée de Saed, sans ressentir une nouvelle douleur. Ensuite je demandai au génie où était le royaume du roi Schahbal, et si la princesse Bedy-Aljemal sa fille vivait encore. « Seigneur, me répondit-il, il y a dans ces mers une île où règne un roi nommé Schahbal, mais il n’a point de fille. La princesse Bedy-Aljemal dont vous parlez était effectivement fille d’un roi appelé Schahbal, qui vivait du temps de Salomon. — Hé