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CONTES ORIENTAUX

cette île : « Je vais, disais-je, la parcourir tout entière ; j’y trouverai Saed ou la mort. Je marchai vers un bois que j’aperçus ; et quand j’y fus arrivé je découvris au milieu un château fort bien bâti et entouré de larges et profonds fossés pleins d’eau, dont le pont-levis était abaissé : j’entrai dans une grande cour pavée de marbre blanc, et m’avançai vers la porte d’un beau corps de logis ; elle était faite de bois d’aloès ; plusieurs figures d’oiseaux y étaient représentées en relief, et un gros cadenas d’acier, fabriqué en forme de lion, la tenait fermée. La clef tenait au cadenas ; je la pris pour la tourner : le cadenas se rompit comme une glace, et la porte s’ouvrit plutôt d’elle-même, que de l’effort que je fis pour l’ouvrir ; ce qui me causa une extrême surprise. Je trouvai un escalier de marbre noir ; je montai, et j’entrai d’abord dans une grande salle ornée d’une tapisserie de soie et d’or avec des sofas de brocart ; de là je passai dans une chambre où il y avait un riche ameublement ; mais ce n’est pas ce que je regardai avec le plus d’attention. Une jeune dame parfaitement belle, qui s’offrit à mes yeux, attira tous mes regards : elle était couchée sur un grand sofa, la tête appuyée sur un coussin, revêtue de riches habits, et il y avait auprès d’elle une petite table de marbre jaspé. Comme elle avait les yeux fermés, et que j’avais lieu de douter que ce fût une personne vivante, je m’approchai d’elle doucement, et je m’aperçus qu’elle respirait.