Page:Les Mille et Un Jours, trad. Pétis de la Croix, 1919.djvu/278

Le texte de cette page a été corrigé et est conforme au fac-similé.
262
LES MILLE ET UN JOURS

Bagdad, et que j’eus vu tout ce qu’il y a de curieux, je demandai à des savants s’ils ne pourraient pas me dire dans quel endroit du monde étaient situés les États du roi Schahbal ? Ils me répondirent que non ; mais que s’il m’importait fort de le savoir, je n’avais qu’à prendre la peine d’aller à Basra trouver un vieillard âgé de cent soixante-dix ans, nommé Padmanaba, que ce personnage n’ignorait rien, et que sans doute il satisferait ma curiosité.

Je pars aussitôt de Bagdad, je vole à Basra, je m’informe du vieillard. On m’enseigne sa demeure, je vais chez lui : je vois un homme vénérable qui conservait beaucoup de vigueur, bien que près de deux siècles eussent flétri son front. « Mon fils, me dit-il d’un air riant, qu’y a-t-il pour votre service ? — Mon père, lui dis-je, je voudrais savoir où règne le roi Schahbal ; il m’est de la dernière importance de l’apprendre : quelques savants de Bagdad, que j’ai consultés, et qui n’ont pu me donner aucune lumière là-dessus, m’ont assuré que vous m’enseigneriez le nom et le chemin du royaume de Schahbal. — Mon fils, répliqua le vieillard, les savants qui vous ont adressé à moi me croient moins ignorant que je ne suis. Je ne sais point précisément où sont les États de Schahbal ; je me souviens seulement d’en avoir entendu parler à quelque voyageur. Ce roi règne si je ne me trompe, dans une île voisine de celle de Serendib ; mais ce n’est qu’une conjecture, et je suis peut-être dans l’erreur. »

Je remerciai Padmanaba de m’avoir du moins fixé un endroit où j’espérais pouvoir être éclairci de ce que je voulais savoir. Je formai la résolution d’aller à l’île de Serendib : je m’embarquai avec Saed et mes esclaves, sur le golfe de Basra, dans un vaisseau marchand qui allait à Surate. De Surate, nous nous rendîmes à