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LES MILLE ET UN JOURS

LXXI

HISTOIRE DU PRINCE SÉYF-EL-MULOUK.

« J’ai déjà eu l’honneur de dire à Votre Majesté que je suis le fils du feu sultan d’Égypte, Asem Ben Sefoüan, et frère du prince qui lui a succédé. Étant dans ma seizième année, je trouvai un jour, par hasard, la porte du trésor de mon père ouverte : j’y entrai, et je commençai à regarder avec beaucoup d’attention les choses qui me parurent les plus rares. Je m’arrêtai particulièrement à considérer un petit coffre de bois de sandal rouge, parsemé de perles, de diamants, d’éméraudes et de topazes. Il s’ouvrait avec une petite clef d’or qui était dans la serrure ; je l’ouvris et j’aperçus dedans une bague d’une merveilleuse beauté, avec une boîte d’or qui renfermait un portrait de femme.

Les traits en étaient si réguliers, les yeux si beaux, l’air si charmant, que je jugeai d’abord que c’était une peinture faite à plaisir. Les ouvrages de la nature ne sont pas si parfaits, disais-je. Que celui-là fait d’honneur au pinceau qui l’a produit ! J’admirais l’imagination du peintre qui avait été capable de se former une si belle idée.

Mes yeux ne pouvaient se détacher de cette peinture, et, ce qu’il y a de plus surprenant, c’est qu’elle m’inspira de l’amour. Je pensai que c’était peut-être le portrait de quelque princesse vivante, et je me le persuadais à mesure que je devenais plus amoureux.