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LES MILLE ET UN JOURS

mauvais discours, demanda ma déposition à son père. Le roi n’y voulut pas d’abord consentir ; mais il ne put résister aux pressantes instances de son fils. Je sortis de Moussel et vins à Damas, où j’eus bientôt l’honneur d’être présenté à Votre Majesté.

Voilà, sire, la cause de cette profonde tristesse où je parais enseveli. L’enlèvement de Zélica est toujours présent à ma pensée, et me rend insensible à la joie. Si j’apprenais que cette princesse ne vit plus, j’en perdrais peut-être, comme autrefois, le souvenir, mais l’incertitude de son sort la retrace sans cesse à ma mémoire et nourrit ma douleur. »

CONTINUATION DE L’HISTOIRE DU ROI BEDREDDIN-LOLO

Quand le vizir Atalmuc eut achevé le récit de ses aventures, le roi lui dit : « Je ne suis plus surpris que vous soyez si triste. Vous en avez un juste sujet ; mais tout le monde n’a pas perdu comme vous une princesse, et vous avez tort de penser que parmi tous les hommes on n’en trouvera pas un qui soit parfaitement content. Vous êtes dans une grande erreur, et sans parler de mille autres, je suis persuadé que le prince Séyf-el-Mulouk, mon favori, jouit d’un parfait bonheur. — Je n’en sais rien, seigneur, reprit Atalmuc : quoiqu’il paraisse fort heureux, je n’oserais assurer qu’il le fût en effet. — C’est une chose, s’écria le roi, dont je veux être éclairci tout à l’heure. » En achevant ces mots, il appela le capitaine de ses gardes, et lui ordonna d’aller chercher le prince Séyf-el-Mulouk.

Le capitaine des gardes s’acquitta de sa commission