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LES MILLE ET UN JOURS

vîmes une maison de grande apparence et parfaitement bien bâtie ; le dedans répondait au dehors ; le tout était magnifique et de bon goût : nous y trouvâmes plus de vingt esclaves qui nous dirent que leur maître venait de leur envoyer ordre de nous fournir abondamment toutes les choses dont nous aurions besoin, et de nous servir comme lui-même, pendant tout le temps que nous voudrions demeurer chez lui.

Deux jours après, nous reçûmes une visite du grand vizir, qui nous apporta, de la part du roi, une prodigieuse quantité de présents. Il y avait plusieurs paquets d’étoffes de soie et de toiles des Indes, avec vingt bourses, chacune de mille sequins d’or. Comme nous nous sentions gênés dans une maison empruntée, et que les présents du roi nous mettaient en état de nous établir ailleurs, nous nous joignîmes bientôt à une grosse caravane de marchands de Candahar, et nous nous rendîmes heureusement avec eux à Bagdad.

Nous allâmes loger dans ma maison, où nous passâmes les premiers jours de notre arrivée à nous reposer et à nous remettre de la fatigue d’un si long voyage. Après cela, je parus dans la ville et cherchai mes amis. Ils furent assez étonnés de me revoir. « Est-il possible, me dirent-ils, que vous soyez encore vivant ? vos associés, qui sont revenus, nous ont assuré que vous étiez mort. » D’abord que j’appris que mes joailliers étaient à Bagdad, je courus chez le grand vizir, je me jetai à ses pieds et lui contai leur perfidie. Il les envoya sur-le-champ arrêter l’un et l’autre ; il m’ordonna de les interroger tous deux en sa présence. « N’est-il pas vrai, leur dis-je, que je me réveillai lorsque vous me prîtes entre vos