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CONTES ORIENTAUX

de la maison où j’avais été arrêté, mais nous la trouvâmes rasée ; le roi avait ordonné qu’on la démolit, et les soldats qu’il avait chargés de cet ordre l’avaient si promptement exécuté, que tous les matériaux avaient déjà été enlevés et transportés ailleurs ; il n’y restait pas seulement une pierre ; le peuple s’en était aussi mêlé, ainsi tous les meubles avaient été pillés.

LXIX

« Quoique charmés de nous voir ensemble, la princesse et moi, quoique fort amoureux l’un de l’autre, nous ne laissâmes pas d’être un peu étourdis de ce spectacle : cette maison, à la vérité, était un hôtel meublé qu’on avait loué, et dont par conséquent les meubles ne nous appartenaient pas ; mais Zélica y avait fait porter par Schapour une infinité de choses précieuses qui n’avaient pas été respectées dans le pillage. Nous avions peu d’argent ; nous commençâmes à consulter l’eunuque et Calé-Cairi sur le parti que nous avions à prendre ; et après une longue délibération, nous fûmes d’avis d’aller loger dans un caravansérail.

Nous étions prêts à nous y rendre, lorsqu’un officier du roi nous aborda : « Je viens, nous dit-il, de la part de Firouzschah, mon maître, vous offrir un logement ; le grand vizir vous prête une maison qu’il a aux portes de la ville, et qui est beaucoup plus belle que celle que l’on vient de raser ; vous y serez logés fort commodément ; je vais, s’il vous plaît, vous y conduire ; prenez la peine de me suivre. » Nous y allâmes avec lui : nous