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CONTES ORIENTAUX

Dans le temps que je parlais ainsi, Zélica, qu’on était allé chercher par ordre du roi, entra suivie de Schapour et de Calé-Cairi ; et, ayant entendu mes dernières paroles, elle courut se jeter aux pieds de Firouzschah : « Seigneur, lui dit-elle, pardonnez à ce jeune homme ; c’est sur la coupable esclave qui vous a trahi que vos coups doivent tomber. — Ah ! perfides, s’écria le roi, n’attendez aucune grâce l’un et l’autre ; vous périrez. L’ingrate ! elle n’implore ma bonté que pour le téméraire qui m’offense ; et lui ne se montre sensible qu’à la perte de ce qu’il aime : ils osent tous deux faire éclater à mes yeux leur amoureuse fureur : quelle insolence ! Vizir, ajouta-t-il en se tournant vers son ministre, faites-les conduire au supplice ; qu’on les attache à des potences, et qu’après leur mort ils deviennent la proie des chiens et des oiseaux.

— Arrêtez, sire, m’écriai-je alors ; gardez-vous de traiter avec tant d’ignominie une fille de roi ; que votre jalouse colère respecte en votre favorite l’auguste sang dont elle est formée ! » À ces paroles, Firouzschah parut étonné : « Quel prince, dit-il à Zélica, est donc l’auteur de votre naissance ? » La princesse me regarda d’un air fier, et me dit : « Indiscret Hassan, pourquoi avez-vous découvert ce que j’aurais voulu me cacher à moi-même ? J’avais en mourant la consolation de voir qu’on ignorait le rang où je suis né ; en me faisant connaître vous me couvrez de honte. Eh bien, Firouzschah, poursuivit-elle, en s’adressant au roi de Candahar, apprends donc qui je suis ; l’esclave que tu condamnes à une mort infâme, est fille de Schah Tahmaspe. » En même temps elle lui conta toute son histoire, sans en oublier la moindre circonstance.