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LES MILLE ET UN JOURS

LXVII

« Zélica fut indignée de la hardiesse du faquir, et sa colère loi prêta des forces pour s’arracher de ses mains insolentes. « Arrête, misérable, lui dit-elle, et n’abuse point de la bonté qu’on a de te souffrir ici : tu mériterais que je te fisse punir par les esclaves qui sont dans cette maison ; mais la considération que j’ai pour ton ami me retient. » En parlant de cette manière, elle prit son voile, se couvrit le visage et sortit de mon appartement. Je courus après elle en lui demandant pardon de ce qui s’était passé ; je tâchai vainement de l’apaiser, elle était trop irritée. « Vous voyez présentement, me dit-elle, si vous avez eu tort de vouloir que ce faquir fût de notre débauche : ce n’était pas sans raison que j’y résistais ; je ne remettrai pas les pieds chez vous pendant qu’il y sera logé. » À ces paroles, elle se retira, quelque chose que je pusse lui dire pour l’arrêter.

Je revins trouver mon ami dans mon appartement. « Ah ! qu’avez-vous fait ? lui dis-je ; fallait-il manquer de respect à la favorite de Firouzschah ? Par ce transport indiscret, vous vous êtes attirée sa haine, et peut-être ne me pardonnera-t-elle jamais de l’avoir obligée à paraître devant vous. — Ne t’afflige pas, Hassan, me répondit-il, tu connais mal les femmes si tu crois celle-ci véritablement fâchée ; sois plutôt persuadé que dans le fond elle en est ravie : il n’y a point de dame à qui de pareils transports déplaisent ; la colère qu’elle a fait éclater est feinte. Sais-tu bien pourquoi elle s’est révoltée contre ma hardiesse ? C’est