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LES MILLE ET UN JOURS

que tes propres yeux jugent de ses charmes. » À ces paroles le faquir m’embrassa avec transport, en me disant que je lui ferais beaucoup de plaisir si j’accomplissais ma promesse. Je lui en donnai de nouvelles assurances, après quoi nous nous levâmes tous deux de table pour nous aller reposer. Un de mes esclaves mena mon ami dans une chambre où on lui avait préparé un lit.

Dès le lendemain matin, Schapour m’apporta un billet de Zélica. Elle me mandait que la nuit prochaine elle viendrait faire la débauche avec moi. Je montrai la lettre au faquir, qui en témoigna une joie infinie. Il ne fit pendant toute la journée que m’entretenir de la dame dont je lui avais vanté la beauté, et il attendit la nuit avec autant d’impatience que s’il eût eu les mêmes raisons que moi pour souhaiter qu’elle arrivât. Cependant je me disposais à recevoir Zélica. J’envoyai chercher les meilleurs mets, et de cet excellent vin dont nous avions si bien fait l’essai le jour précédent.

Quand la nuit fut venue, je dis au faquir : « Lorsque la dame entrera dans mon appartement, il ne faut pas que vous y soyez. Peut-être le trouverait-elle mauvais. Laissez-moi lui demander la permission de vous présenter à elle comme mon ami, je suis sûr que je l’obtiendrai. » Nous entendîmes bientôt frapper à la porte, et c’était la princesse. Le faquir se cacha dans un cabinet : j’allai au-devant de Zélica, je lui donnai la main, et après l’avoir conduite à mon appartement : « Ma princesse, lui dis-je, je vous prie de m’accorder une grâce. Le faquir avec qui je suis venu à Candahar est logé dans cette maison ; je lui ai donné un appartement, c’est mon ami ; voulez-vous souffrir qu’il soit de notre