Page:Les Mille et Un Jours, trad. Pétis de la Croix, 1919.djvu/256

Le texte de cette page a été corrigé et est conforme au fac-similé.
240
LES MILLE ET UN JOURS

Perse se leva et sortit accompagnée de Schapour pour retourner auprès de sa maîtresse.

Je ne fis pendant cette nuit que penser à Zélica, pour qui je sentis tout mon amour se rallumer. Le sommeil ne put un moment fermer mes yeux, et le jour suivant me parut un siècle. Enfin, après avoir été la proie de la plus vive impatience, j’entendis frapper à la porte de ma maison. Mes esclaves allèrent ouvrir, et bientôt je vis entrer ma princesse dans mon appartement. Quel trouble, quel saisissement, quels transports ne me causa point sa présence ! De son côté, quelle joie n’eut-elle pas de me revoir ! Je me jetai à ses pieds, je les tins longtemps embrassés sans pouvoir parler. Elle m’obligea de me relever, et après m’avoir fait asseoir auprès d’elle sur un sopha : « Hassan, me dit-elle, je rends grâce au ciel qui nous a rassemblés ; espérons que sa bonté n’en demeurera pas là, et qu’elle voudra bien lever le nouvel obstacle qui nous empêche d’être ensemble. En attendant un temps si hereux, vous vivrez ici tranquillement et dans l’abondance. Si nous n’avons pas le plaisir de nous parler sans contrainte, nous aurons du moins la consolation de pouvoir apprendre tous les jours de nos nouvelles, et de nous voir quelquefois secrètement. Calé-Cairi, poursuivit-elle, vous a conté mes aventures, apprenez-moi les vôtres. »

Je lui peignis la douleur que m’avait causée l’opinion de sa mort, et je lui dis que j’en avais conçu un si vif déplaisir que je m’étais fait faquir. « Ah ! mon cher Hassan, s’écria Zélica, faut-il que pour l’amour de moi vous ayez vécu si longtemps avec des gens si austères ? Hélas ! je suis cause que vous avez beaucoup souffert. »

Si elle eût su la vie que je j’avais menné sous cet