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CONTES ORIENTAUX

manqua pas de lui faire. Il nous acheta, nous mit dans le palais de ses femmes et nous y donna le plus bel appartement. »

LXV

« Calé-Cairi cessa de parler en cet endroit, ou plutôt je l’interrompis : « Ô ciel ! m’écriai-je, dois-je me réjouir de rencontrer Zélica ? Mais, que dis-je ? est-ce la retrouver que d’apprendre qu’un puissant roi la tient enfermée dans son sérail ! Si, rebelle à l’amour de Firouzschah, elle ne fait que traîner des jours languissants, quelle douleur pour moi de la voir souffrir ! et si elle est contente de son sort, puis-je l’être du mien ? — Je suis ravie, me dit Calé-Cairi, que vous ayez des sentiments si délicats, la princesse les mérite bien : quoique passionnément aimée du roi de Candahar, elle n’a pu vous oublier ; et jamais on n’a ressenti tant de joie qu’elle eut hier, lorsque Schapour lui dit qu’il vous avait rencontré. Elle fut hors d’elle-même le reste de la journée ; elle chargea sur-le-champ l’eunuque de louer un hôtel meublé, de vous y faire conduire aujourd’hui et de ne vous y laisser manquer de rien. Je suis venue de sa part pour vous éclaircir de toutes les choses que je vous ai dites, et pour vous préparer à la voir demain pendant la nuit : nous sortirons du palais et nous nous rendrons ici par une petite porte du jardin dont nous avons fait faire une clef pour nous en servir au besoin. » En prononçant ces derniers mots, l’esclave favorite de la princesse de