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LES MILLE ET UN JOURS

LXIV

« Schah » Tahmaspe promit à sa fille que je lui rendrais ces tristes devoirs, comme elle le désirait. « Ce n’est pas tout, seigneur, lui dit-elle, je vous prie que Calé-Cairi soit libre, d’abord que je ne serai plus, et donnez-lui avec cette liberté des présents qui soient dignes de vous et de l’attachement qu’elle a toujours eu pour moi. — Ma fille, répondit Schah-Tahmaspe, ayez l’esprit en repos sur toutes les choses que vous me recommandez ; si j’ai le malheur de vous perdre, je jure que votre esclave favorite, chargée de présents, pourra se retirer où il lui plaira. »

À peine eut-il achevé ces paroles que l’herbe produisit tout son effet : Zélica perdit le sentiment, et son père, la croyant morte, se retira dans son appartement tout en pleurs : il ordonna que moi seule laverais le corps et le parfumerais, ce que je fis ; je l’enveloppai ensuite d’un drap blanc et le mis dans le cercueil ; après cela, on le porta au lieu de sa sépulture, où, par ordre du roi, on me laissa seule la première nuit. Je regardai partout, pour voir si quelqu’un ne s’était point caché pour m’observer, et n’ayant trouvé personne, je tirai ma maîtresse du cercueil et de sa léthargie ; je lui fis prendre une robe que j’avais sous la mienne avec un voile, et nous nous rendîmes toutes deux à un endroit où Schapour nous attendait. Ce fidèle eunuque emmena la princesse dans une petite