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CONTES ORIENTAUX

pleinement votre curiosité si vous voulez vous trouver seul ici demain à la même heure. Je vous apprendrai des choses qui vous étonneront ; d’ailleurs je vous avertis qu’elles vous regardent. »

Je lui promis de revenir seul au même endroit le jour suivant, et je ne manquai pas de tenir ma promesse. L’eunuque parut ; il vint à moi, et me dit : « Sortons de ce palais, cherchons un lieu plus commode pour nous entretenir. Nous allâmes dans la ville ; nous traversâmes plusieurs rues, et enfin nous nous arrêtâmes à la porte d’une assez grande maison dont il avait la clef. Nous y entrâmes. Je vis des appartements fort bien meublés, de beaux tapis de pied, de riches sofas, et j’aperçus un jardin très cultivé, au milieu duquel il y avait un bassin plein d’une fort belle eau, et bordé de marbre jaspé.

« Seigneur Hassan, me dit l’eunuque, trouvez-vous cette maison agréable ? — Fort agréable, lui répondis-je. — J’en suis bien aise, reprit-il, car je l’ai louée hier pour vous, telle que vous la voyez. Il vous faut aussi quelques esclaves pour vous servir ; je vais vous en acheter pendant que vous vous baignerez. » En disant cela, il me conduisit dans une chambre où il y avait des bains préparés. « Au nom de Dieu, lui dis-je, apprenez-moi pourquoi vous m’avez amené ici et quelles sont ces choses que vous aviez à me dire ? — On vous les dira, repartit-il, en temps et lieu, qu’il vous suffise de savoir présentement que votre sort a bien changé depuis que je vous ai rencontré, et que j’ai ordre d’en user avec vous comme j’en use. » En même temps, il m’aida à me déshabiller, ce qui fut bientôt fait. Je me mis au bain, et l’eunuque sortit en me priant de ne me point impatienter.