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LES MILLE ET UN JOURS

nous reçut fort charitablement en faveur des habits que nous portions, et c’était ce que nous avions de plus recommandable. Nous trouvâmes tous les habitants de la ville dans un grand mouvement, parce qu’on devait le lendemain célébrer la fête du Giulous[1]. Nous apprîmes qu’à la cour on n’était pas moins occupé, tout le monde voulant signaler son zèle pour le roi Firouzschah, qui se faisait aimer des bons par son équité, et encore plus craindre des méchants par la rigueur avec laquelle il les traitait.

Comme les faquirs entrent partout, sans que personne puisse les en empêcher, nous allâmes à la cour le jour suivant pour voir la fête, qui n’eut pas de quoi charnier les yeux d’un homme qui avait vu le Giulous du roi de Perse. Pendant que nous étions attentifs à regarder tout ce qui se passait, je me sentis tirer par le bras. En même temps je tournai la tête, et j’aperçus auprès de moi l’ennuque qui, dans le palais de Schah-Tahmaspe, m’avait donné une lettre de la part de Calé-Cairi, ou plutôt de Zélica.

« Seigneur Hassan, me dit-il, je vous ai reconnu malgré l’étrange habillement qui vous couvre. Bien qu’il me semble toutefois que je ne me trompe point, je ne sais pas si je ne dois pas me défier du rapport de mes yeux. Est-il possible que je vous rencontre ici ? — Et vous, lui répondis-je, que faites-vous à Candahar ? Pourquoi avez-vous quitté la cour de Perse ; la mort de la princesse Zélica vous en aurait-elle écarté comme moi ? — C’est, reprit-il, ce que je ne puis vous dire présentement, mais je satisferai

  1. Fête qui se célèbre tous les ans, le jour anniversaire du couronnement du roi.