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CONTES ORIENTAUX

par ses regards qu’elle me pardonnait la vivacité que j’avais fait paraître dans le jardin. De mon côté, je jetais les yeux sur elle de temps en temps, mais je les baissais dès que je remarquais qu’elle avait la vue sur moi ; j’avais la contenance très embarrassée, quelque effort que je fisse pour témoigner un peu d’assurance sur mon visage et dans mes actions. La princesse et ses femmes, qui s’en apercevaient bien, tâchèrent de m’inspirer de la hardiesse. Zélica me demanda mon nom et depuis quand j’étais page de la casoda. Après que j’eus satisfait sa curiosité, elle me dit : « Eh bien ! Hassan, prenez un air plus libre ; oubliez que vous êtes dans un appartement dont l’entrée est interdite aux hommes ; oubliez que je suis Zélica ; parlez-nous comme si vous étiez avec de petites bourgeoises de Chiras ; envisagez toutes ces jeunes personnes ; examinez-les avec attention, et dites franchement quelle est celle d’entre nous qui vous plaît davantage.

LVIII

« La princesse de Perse, au lieu de me donner de l’assurance par ce discours, comme elle se l’imaginait, ne fît qu’augmenter mon trouble et mon embarras. « Je vois bien, Hassan, me dit-elle, que j’exige de vous une chose qui vous fait de la peine : vous craignez sans doute qu’en vous déclarant pour l’une, vous déplaisiez à toutes les autres ; mais que cette crainte ne vous arrête pas, que rien ne vous contraigne ; mes femmes sont tellement unies que vous ne sauriez altérer leur union ; considérez-nous donc, et nous faites connaître celle que vous