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LES MILLE ET UN JOURS

Hassan : il me fît encore plusieurs autres questions, et, satisfait de mes réponses : « Hassan, reprit-il, je suis touché de ton infortune, et je veux te servir de père. Apprends que je suis capi-aga[1] du roi de Perse ; il y a une place de page vacante dans la casoda[2], je te choisis pour la remplir ; tu es beau, jeune et bien fait, je ne puis faire un meilleur choix : il n’y a point de casodali[3] présentement que tu ne surpasses en bonne mine. »

Je remerciai le capi-aga de toutes les bontés qu’il me témoignait ; il me prit sous sa protection, et me fit donner un habillement de page. On m’instruisit de tous mes devoirs, et je commençai à m’en acquitter d’une manière qui m’attira bientôt l’estime de nos zuluflis[4], et fît honneur à mon patron.

Il était défendu, sous peine de la vie, à tous les pages des douze chambres, de même qu’à tous les officiers du palais et aux soldats de la garde, de demeurer la nuit dans les jardins du sérail après une heure marquée, parce que les femmes s’y promenaient quelquefois. J’y étais un soir tout seul, et je rêvais à mes malheurs ; je m’abandonnai si bien à mes réflexions que, sans m’en apercevoir, je laissai passer le temps prescrit aux hommes pour se retirer. Je sortis pourtant de ma rêverie, et jugeant que le moment de la retraite ne devait pas être éloigné, je marchais avec précipitation pour rentrer dans le palais, lorsqu’une dame, au

  1. Capitaine de la porte de la chambre du roi de Perse.
  2. La chambre du roi.
  3. Nom des pages de la chambre du roi.
  4. Officiers des pages de la chambre du roi.