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CONTES ORIENTAUX

une partie des troupes chinoises, et se rendit avec toute la diligence possible dans ses États. Les Tartares-Nogaïs le reçurent comme des sujets fidèles, qui étaient ravis de revoir leur légitime souverain ; mais il ne se contenta pas de remonter sur son trône, il déclara la guerre aux Circassiens, pour se venger de la trahison qu’ils avaient faite au prince Calaf à Jund. Au lieu de chercher à l’apaiser par des soumissions, ces peuples formèrent à la hâte une armée pour lui résister ; il les battit, les tailla presque tous en pièces, et se fit déclarer roi de Circassie. Après cela, s’en étant retourné au Zagatay, il y trouva les princesses Elmaze et Tourandocte, qu’Altoun-Kan avait fait conduire à Carizme avec beaucoup d’appareil.

Telle fut la fin des malheurs du prince Calaf, qui s’attira par ses vertus l’amour et l’estime des Carizmiens. Il régna longtemps et paisiblement sur eux ; et toujours charmé de Tourandocte, il en eut un second fils, qui fut après lui sultan de Carizme, car pour le prince de la Chine, Altoun-Kan le fit élever et le choisit pour son successeur. Timurtasch et la princesse, sa femme, allèrent passer le reste de leurs jours à Astrakan ; et le kan de Berlas, après avoir reçu d’eux et de leur fils toutes les marques de reconnaissance que méritait sa générosité, se retira dans sa tribu avec le reste de ses troupes. »

LIII

La nourrice de la princesse de Cachemire ayant achevé de raconter l’histoire de Calaf, demanda aux femmes de Farrukhnaz ce qu’elles en pensaient. Elles lui dirent