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LES MILLE ET UN JOURS

Il ne restait plus au sultan de Carizme qu’un parti à prendre, c’était de se faire un passage au travers de ses ennemis, et de se refugier chez quelque prince étranger ; mais ce prince aimant mieux ne pas survivre à sa défaite que d’aller montrer aux nations un front dépouillé de tous ses diadèmes, se jeta en aveugle où il s’aperçut qu’on faisait un plus grand carnage, et il ne cessa point de combattre jusqu’à ce que, frappé de mille coups mortels, il tomba sans vie et demeura dans la foule des morts. Le prince de Carizme, son fils, eut la même destinée ; deux cent mille hommes des leurs furent tués ou faits prisoniers ; le reste chercha son salut dans la fuite. Les Chinois perdirent aussi beaucoup de monde ; mais si la bataille avait été sanglante, en récompense, elle était décisive. Timurtasch, après avoir rendu grâce au ciel de cet heureux succès, envoya un officier à Pékin pour en faire le détail au roi de la Chine ; ensuite il s’avança dans le Zagatay et s’empara de la ville de Carizme.

Il fit publier dans cette capitale qu’il n’en voulait ni aux richesses ni à la liberté des Carizmiens ; que Dieu l’ayant rendu maître du trône de son ennemi, il prétendait le conserver ; que désormais le Zagatay et les autres pays qui étaient sous l’obéissance du sultan, reconnaîtraient pour souverain le prince Calaf, son fils.

Les Barizmiens, fatigués de la domination de leur dernier maître, et persuadés que celle de Calaf serait plus douce, se soumirent de bonne grâce, et proclamèrent sultan ce jeune prince dont ils connaissaient le mérite. Pendant que le nouveau sultan de Carizme prenait toutes les mesures nécessaires pour affermir sa puissance, Timurtasch partit avec