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CONTES ORIENTAUX

étonné de tant d’ennemis, se prépara courageusement à bien les recevoir ; au lieu même de se retrancher, il eut l’audace de marcher au-devant d’eux à la tête de quatre cent mille hommes qu’il avait ramassés en diligence. Ils se rencontrèrent auprès de Cogende, où ils se mirent en bataille. Du côté des Chinois, Timurtasch commandait l’aile droite, le prince Alinguer la gauche, et Calaf était au centre ; de l’autre côté, le sultan confia la conduite de son aile droite au plus habile de ses généraux, opposa le prince de Carizme au prince des Nogaïs, et se réserva la gauche, où était l’élite de sa cavalerie. Le kan de Berlas commença le combat avec les soldats de sa tribu, qui se battant comme des gens qui avaient les yeux de leur maître pour témoins de leurs actions, firent bientôt plier l’aile droite des ennemis ; mais l’officier qui la commandait la rétablit. Il n’en fut pas de même de Timurtasch ; le sultan l’enfonça dès le premier choc, et les Chinois, en désordre, étaient prêts à prendre la fuite, sans que le kan des Nogaïs pût les retenir, lorsque Calaf, informé de ce qui se passait, laissa le soin du centre à un vieux général chinois, et courut au secours de son père avec des troupes choisies. En peu de temps les choses changèrent de face : la gauche des Carizmiens est enfoncée à son tour ; les rangs s’ouvrent et sont ensuite facilement rompus ; toute l’aile est mise en déroute. Le sultan, qui voulait vaincre ou mourir, fit des efforts incroyables pour rallier ses soldats ; mais Timurtasch et Calaf ne lui en donnèrent pas le temps et l’enveloppèrent de toutes parts, de sorte que le prince Alinguer, ayant aussi défait l’aile droite, la victoire se déclara pour les Chinois.