Page:Les Mille et Un Jours, trad. Pétis de la Croix, 1919.djvu/213

Le texte de cette page a été corrigé et est conforme au fac-similé.
197
CONTES ORIENTAUX

il avait cru devoir faire cette démarche. Là-dessus le kan des Nogaïs et la princesse sa femme firent des compliments au souverain de Berlas ; ensuite, ils entrèrent tous dans le palais pour aller voir Altoun-Kan. Ils trouvèrent ce monarque qui les attendait dans la première salle. Il les embrassa tous l’un après l’autre et les reçut fort agréablement ; il les conduisit ensuite dans son cabinet, où, après avoir témoigné à Timurtasch le plaisir qu’il avait de le voir et la part qu’il prenait à ses malheurs, il l’assura qu’il emploierait toutes ses forces pour le venger du sultan de Carizme ; et cette assurance ne fut pas vaine ; car, dès le même jour, on envoya ordre aux gouverneurs des provinces de faire marcher en diligence les soldats qui étaient dans les villes de leurs juridictions et de leur faire prendre la route du lac Baljouta, qu’on avait choisi pour le rendez-vous de la formidable armée qu’on voulait assembler. De son côté, le kan de Berlas, qui avait bien prévu cette guerre et qui souhaitait de contribuer au rétablissement de Timurtasch dans ses États, avait, en partant de sa tribu, ordonné au premier chef de ses troupes de se tenir prêt à se mettre en campagne au premier ordre. Il lui demanda de se rendre auprès du lac Baljouta, le plus tôt qu’il lui serait possible.

Tandis que les officiers et les soldats qui devaient composer l’armée d’Altoun-Kan, et qui se trouvaient dispersés dans les villes du royaume, étaient en marche pour s’assembler tous dans le même lieu, ce roi n’épargna rien pour bien recevoir ses nouveaux hôtes ; il leur fit donner à chacun un palais séparé avec un grand nombre d’eunuques et une garde de deux mille hommes. Chaque jour il les régalait de quelque nouvelle fête, et il mettait toute