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LES MILLE ET UN JOURS

vit à la cour, pendant un mois entier, que spectacles et que festins, et il y eut aussi dans la ville de grandes réjouissances.

La possession de Tourandocte ne ralentit point l’amour de Calaf, et cette princesse, qui avait jusque-là regardé les hommes avec tant de mépris, ne put se défendre d’aimer un prince si parfait. Quelque temps après leur mariage, les ambassadeurs qu’Altoun-Kan avait envoyés au pays de Berlas revinrent en bonne compagnie : ils avaient avec eux non seulement le père et la mère du gendre de leur roi, mais même le prince Alinguer, qui, pour faire plus d’honneur à Elmaze et à Timurtasch, avait voulu les accompagner avec les plus grands seigneurs de sa cour, et les conduire jusqu’à Pékin.

Le jeune prince des Nogaïs, averti de leur arrivée, ne manqua pas d’aller au-devant d’eux ; il les rencontra à la porte du palais. Il faut se représenter la joie qu’il eut de revoir son père et sa mère et les transports dont ils furent agités à sa vue ; car c’est une chose qu’il n’est pas possible d’exprimer par des paroles. Ils s’embrassèrent tous trois à plusieurs reprises et les larmes qu’ils répandirent en s’embrassant excitèrent celles des Chinois et des Tartares qui étaient présents.

Après de si doux embrassements, Calaf salua le kan de Berlas ; il lui témoigna combien il était touché de ses bontés et surtout de ce qu’il avait voulu accompagner lui-même jusqu’à la cour de la Chine les auteurs de sa naissance ; à quoi le prince Alinguer répondit qu’ignorant la qualité de Timurtasch et d’Elmaze, il n’avait pas eu pour eux tous les égards qu’il leur devait et qu’ainsi, pour réparer les mauvais traitements qu’il pouvait leur avoir faits,