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CONTES ORIENTAUX

ôta le cercueil du char qui l’avait apporté jusque-là pour le mettre sur un autre encore plus riche ; ensuite on sacrifia un taureau qu’on arrosa de vin aromatique, et on le présenta avec d’autres choses à la Terre, en la suppliant de recevoir favorablement le corps de la princesse.

LI

Quand les obsèques d’Aldemuc furent finies, la cour de la Chine changea de face : on y quitta les habits de deuil, et les plaisir succédèrent aux tristes soins dont on y avait été occupé. Altoun-Kan ordonna les apprêts du mariage de Calaf avec Tourandocte ; et pendant qu’on y travaillait, il envoya des ambassadeurs à la tribu de Berlas pour informer le kan des Nogaïs de tout ce qui s’était passé à la Chine et pour le prier d’y venir avec la princesse sa femme.

Les préparatifs étant achevés, le mariage se fit avec toute la pompe et la magnificence qui convenait à la qualité des époux ; on ne donna point de maîtres à Calaf[1], et le roi déclara même publiquement que pour marquer l’estime et la considération particulière qu’il avait pour son gendre, il le dispensait de faire à son épouse les révérences ordinaires. On ne

  1. On donne ordinairement aux gendres des rois de la Chine deux vieux mandarins pour leur servir de maîtres et pour les instruire de tout ce qu’il convient aux princes de savoir. D’ailleurs, il faut observer que, jusqu’à ce que la fille du roi ait eu des enfants, le fumema, c’est-à-dire celui qui l’a épousée, est obligé de lui faire tous les jours quatre révérences à genoux.