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LES MILLE ET UN JOURS

Altoun-Kan ne se contenta pas de déplorer ainsi le malheur de la princesse Adelmuc, il ordonna de superbes funérailles. On porta son corps dans un palais séparé, où il fut revêtu de riches habits blancs, et avant qu’on le mît dans un cercueil, le roi, avec tous les officiers de sa maison, alla lui faire la révérence et lui présenter des parfums ; ensuite on l’enferma dans un cercueil de bois d’aloës, et on le plaça sur une espèce de trône, qui avait été élevé pour cet effet au milieu d’une grande cour. Il demeura là une semaine entière, et tous les jours les femmes des mandarins, couvertes de deuil depuis les pieds jusqu’à la tête, furent obligées de l’aller visiter, et de lui faire chacune quatre révérences avec des démonstrations de douleur. Après cette cérémonie, le jour que le grand mathématicien avait désigné pour l’enterrement étant venu, on mit le cercueil sur un char de triomphe couvert de plaques d’argent entremêlées de figures d’animaux peintes sur du carton ; puis on fit un sacrifice au génie qui gardait le char, afin que les funérailles s’achevassent heureusement ; et après avoir arrosé le cercueil d’eau de senteur, la marche commença. Elle dura trois jours, à cause des diverses cérémonies et des pauses qu’il fallut faire avant que d’arriver à la montagne où sont les tombeaux des rois de la Chine, car Altoun-Kan voulut que la cendre de la princesse Adelmuc fut mêlée avec les cendres des princes mêmes de sa maison. Il est vrai que Tourandocte, par amitié pour son esclave favorite, avait prié le roi, son père, de lui faire cet honneur.

Lorsque le convoi fut auprès de la montagne, on

    formes d’oiseaux, sans espérance de pouvoir redevenir hommes à la première transmigration.