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CONTES ORIENTAUX

dans la première salle du divan. « Ah ! c’est sans doute ici, disait-il en lui-même, que l’ordre sanguinaire de la princesse doit être exécuté. » En même temps il regardait de tous côtés, et, chaque personne qu’il voyait lui paraissait son meurtrier. Il s’avance toutefois, et entre dans la chambre où se tenait le conseil, sans recevoir le coup qu’il attendait.

Tous les docteurs et les mandarins étaient déjà sous leurs pavillons, et Altoun-Kan allait paraître. — « Quel est donc le dessein de la princesee ? dit-il alors en lui-même. Veut-elle être témoin de ma mort, et veut-elle me faire assassiner aux yeux de son père ? Le roi serait-il complice de cet attentat ? Que dois-je penser ? Aurait-elle changé de sentiment et révoqué l’arrêt de mon trépas ? » Tandis qu’il était dans cette incertitude, la porte du palais intérieur s’ouvrit, et le roi, accompagné de Tourandocte, entra dans la salle. Ils se placèrent sur leur trône, le prince des Nogaïs se tint debout devant eux, et à la même distance que le jour précédent.

Le colao, dès qu’il vit le roi assis, se leva et demanda au jeune prince s’il se ressouvenait d’avoir promis de renoncer à la princesse si elle répondait juste à la question qu’il lui avait proposée ; Calaf fit réponse que oui, et protesta de nouveau qu’à cette condition il cessait de prétendre à l’honneur d’être gendre du roi. Le colao ensuite adressa la parole à Tourandocte. « Et vous, grande princesse, lui dit-il, vous savez quel serment vous lie, et à quoi vous vous êtes soumise si vous ne nommez pas aujourd’hui le prince dont on vous a demandé le nom. »

Le roi persuadé qu’elle ne pouvait répondre à la question de Calaf, lui dit : « Ma fille, vous avez eu tout le temps de rêver à ce qu’on vous a proposé ; mais quand