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CONTES ORIENTAUX

est tel qu’une simple esclave pourrait trouver peu de créance dans votre esprit. Je ne sais même si, quoique fille de kan, je vous persuaderai ; un prince charmé de Tourandocte ajouterait-il foi à ce que je vais lui dire d’elle ? — Kanume[1], interrompit en cet endroit le fils de Timurtasch, ne me tenez pas davantage en suspens ; apprenez-moi de grâce ce que vous avez à me dire de la princesse de la Chine. — Seigneur, reprit la dame, Tourandocte, la barbare Tourandocte, a formé le dessein de vous faire assassiner. » À ces paroles, Calaf, se renversant sur le sofa, demeura dans la situation d’un homme saisi d’horreur et d’étonnemement.

XLVII

La princesse esclave, qui avait bien prévu la surprise du jeune prince, lui dit : « Je ne suis pas étonnée que vous receviez ainsi cette effroyable nouvelle, et je vois bien que j’avais raison de douter que vous la voulussiez croire. — Juste ciel ! s’écria Calaf, lorsqu’il fut revenu de son accablement, l’ai-je bien entendu ? La princesse de la Chine peut-elle être capable d’un si noir attentat ? Comment l’a-t-elle pu concevoir ? — Prince, lui dit la dame, voici de quelle manière elle a pris cette horrible résolution. Ce matin, quand elle est sortie du divan où j’étais derrière son trône, elle avait un dépit mortel de ce qui venait de se passer ;

  1. C’est-à-dire, princesse.