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CONTES ORIENTAUX

Aussitôt que tout le monde eut pris sa place, il entra des chanteurs et des joueurs d’instruments, qui, s’accordant ensemble, commencèrent un concert fort agréable. Altoun-Kan en était charmé. Entêté de la musique chinoise, il demandait de temps en temps au fils de Timurtasch ce qu’il en pensait, et ce jeune prince, par complaisance, la mettait au-dessus de toutes les musiques du monde.

Le concert fini, les chanteurs et les joueurs d’instruments se retirèrent pour faire place à un éléphant artificiel, qui, s’étant avancé par ressort au milieu de la salle, vomit six baladins, qui commencèrent à faire des sauts périlleux. Ils étaient presque nus : ils avaient seulement des escarpins, des caleçons de toile des Indes, et des bonnets de brocart. Après qu’ils eurent fait voir leur souplesse et leur agilité par mille tours surprenants, ils rentrèrent dans l’éléphant, qui sortit comme il était entré. Il parut ensuite des comédiens qui représentèrent sur-le-champ une pièce dont le roi leur prescrivit le sujet[1].

Quand tous ces divertissements furent finis, la nuit se trouvant fort avancée, Altoun-Kan et Calaf se levèrent pour aller reposer dans leurs appartements, et tous les mandarins se retirèrent.

  1. Les comédiens chinois jouent sur-le-champ tout ce qu’on leur ordonne de jouer. Leurs pièces rappellent beaucoup la comédie improvisée, Commedia dell’arte, des Italiens. Les nouvelles dialoguées forment un genre à part. Le dialogue en est tantôt en prose, tantôt en vers, que l’auteur place indifféremment dans la bouche de tous ceux qui entrent en scène.