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LES MILLE ET UN JOURS

rouge, portée par vingt officiers militaires, aussi découverte et sur laquelle la première lettre du nom du monarque et plusieurs figures d’animaux étaient peintes en traits d’argent, paraissaient après les mandarins. Deux généraux des armées d’Altoun-Kan tenaient à côté de la litière chacun un large éventail, pour les préserver de la chaleur, et trois mille eunuques, qui marchaient derrière, terminaient le cortège.

Lorsqu’ils furent arrivés au lieu où les officiers de la vénerie attendaient le roi avec des oiseaux de proie, on commença la chasse aux cailles, qui dura jusqu’au coucher du soleil. Alors ce prince et les personnes de sa suite s’en retournèrent au palais dans le même ordre qu’ils en étaient sortis. Ils trouvèrent dans une cour, sous plusieurs pavillons de taffetas de diverses couleurs, une infinité de petites tables dressées, bien vernissées[1] et couvertes de toutes sortes de viandes coupées. Calaf et les mandarins s’assirent, à l’exemple du roi, chacun à une petite table séparée, auprès de laquelle il y en avait une autre qui servait de buffet. Ils commencèrent tous à boire plusieurs rasades de vin de riz[2] avant que de toucher aux viandes, ensuite ils ne firent que manger sans boire. Le repas achevé, Altoun-Kan emmena le prince des Nogaïs dans une grande salle fort éclairée et remplie de sièges rangés comme pour quelque spectacle, et ils furent suivis de tous les mandarins. Le roi régla les rangs, et fit asseoir Calaf auprès de lui sur un grand trône d’ébène, orné de filigranes d’or.

  1. On sait que les Chinois ne se servent ni de nappes ni de serviettes ; ils n’ont pas non plus de couteaux, parce que les viandes sont coupées quand on les présente, et ils emploient deux petits bâtons au lieu de fourchettes.
  2. Le vin de riz est de couleur d’ambre, et très délicat.