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CONTES ORIENTAUX

Quand le puissant monarque de la Chine eut ordonné aux mandarins et aux docteurs de s’asseoir, un des six seigneurs qui avaient conduits Calaf et qui était debout avec lui à quinze coudées des deux trônes, s’agenouilla et lut un mémoire qui contenait la demande que ce prince étranger faisait de la princesse Tourandocte. Ensuite il se releva et dit à Calaf de faire trois révérences au roi. Le prince des Nogaïs s’en acquitta de si bonne grâce, qu’Altoun-Kan ne put s’empêcher de lui sourire, pour lui témoigner qu’il le voyait avec plaisir.

Alors le colao se leva de sa place et lut à haute voix l’édit funeste qui condamnait à mort tous les amants téméraires qui répondaient mal aux questions de Tourandocte. Puis adressant la parole à Calaf : « Prince, lui dit-il, vous venez d’entendre à quelle condition on peut obtenir la princesse ; si l’image du péril présent fait quelque impression sur votre âme, il vous est encore permis de vous retirer. — Non, reprit le prince des Nogaïs ; le prix qu’il s’agit de remporter est trop beau pour avoir la lâcheté d’y renoncer. »

XLII

Le roi voyant Calaf disposé à répondre aux questions de Tourandocte, se tourna vers cette princesse, et lui dit : « Ma fille, c’est à vous de parler ; proposez à ce jeune prince les questions que vous avez préparées, et plaise à tous les esprits à qui l’on fit hier des sacrifices, qu’il pénètre le sens de vos paroles ! » Tourandocte, à ces mots, dit : « Je prends à témoin le