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LES MILLE ET UN JOURS

cette assemblée étaient assises sous des pavillons de diverses couleurs qui régnaient autour de la salle. Les mandarins les plus considérables paraissaient d’un côté, le colao avec les professeurs du collège royal étaient de l’autre, et plusieurs docteurs dont on connaissait la capacité, occupaient les autres places. Il y avait au milieu deux trônes d’or posés sur deux sièges triangulaires. D’abord que le prince des Nogaïs parut, la noble et docte assistance le salua avec toutes les marques d’un grand respect, mais sans lui dire une parole, parce que tout le monde étant dans l’attente de l’arrivée du roi, gardait un profond silence.

Le soleil était sur le point de se lever. Dès qu’on vit briller les premiers rayons de ce bel astre, deux eunuques ouvrirent des deux côtés les rideaux de la porte du palais intérieur, et aussitôt le roi sortit accompagné de la princesse Tourandocte, qui portait une longue robe de soie tissue d’or et un voile de la même étoffe qui lui couvrait le visage. Ils montèrent tous deux à leurs trônes par cinq degrés d’argent. Lorsqu’ils eurent pris leurs places, deux jeunes filles parfaitement belles, parurent l’une au côté du roi et l’autre au côté de la princesse. C’étaient des esclaves du sérail d’Altoun-Kan. Elles avaient la gorge et le visage découverts, de grosses perles aux oreilles, et elles se tenaient debout avec une plume et du papier, prêtes à écrire ce que le roi leur ordonnerait. Pendant ce temps-là, toutes les personnes de l’assemblée, qui s’étaient levées à la vue d’Altoun-Kan, demeurèrent debout avec beaucoup de gravité et les yeux à demi fermés. Calaf seul promenait partout ses regards, ou plutôt il ne regardait que la princesse, dont il admirait le port majestueux.