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LES MILLE ET UN JOURS

— Ô docteur ! s’écria le roi, tu me ravis par ce discours : plaise au ciel que ce prince devienne mon gendre. Dès qu’il a paru devant moi, je me suis senti de l’affection pour lui ; puisse t-il être plus heureux que les autres qui sont venus mourir dans cette ville ! »

Le bon roi Altoun-Kan ne se contenta pas de faire des vœux pour Calaf, il tâcha de lui rendre propices le esprits qui président au ciel, au soleil et à la lune. Pour cet effet, il ordonna des prières publiques, et l’on fit dans les temples des sacrifices solennels. On immola par son ordre un bœuf au ciel, une chèvre au soleil et un pourceau à la lune. De plus, il fit publier dans Pékin que les confréries du mois[1] eussent à faire un festin dans l’intention que le prince qui se présentait pour demander la princesse eût le bonheur de l’obtenir.

Après les prières et les sacrifices, le monarque chinois envoya son colao[2] à Calaf, pour l’avertir de se tenir prêt à répondre le lendemain aux questions de la princesse, et lui dire qu’on ne manquerait pas de l’aller chercher pour le conduire au divan, et que les personnes qui devaient composer l’assemblée avaient déjà reçu ordre de s’y rendre.

XLI

Quelque déterminé que fût Calaf à éprouver l’aventure, il ne passa pas la nuit sans inquiétude. Si tantôt

  1. Confréries d’artisans comprenant chacune trente confrères qui chaque jour régalent l’un après l’autre la confrérie.
  2. Chancelier.