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CONTES ORIENTAUX

À peine le prince des Nogaïs fut-il dans le palais où on l’avait conduit[1], que les principaux mandarins vinrent le saluer, c’est-à-dire qu’ils se mirent à genoux et qu’ils baissèrent la tête jusqu’à terre, en lui disant l’un après l’autre : « Prince, le serviteur perpétuel de votre illustre race vient en cette qualité vous faire la révérence. » Ensuite ils lui firent des présents et se retirèrent.

Cependant le roi, qui se sentait beaucoup d’amitié pour le fils de Timurtasch, et qui en avait compassion, envoya chercher le professeur le plus habile ou du moins le plus fameux de son collège royal, et lui dit : « Docteur, il y a dans ma cour un nouveau prince qui demande ma fille. Je n’ai rien épargné pour le rebuter ; mais je n’en ai pu venir à bout. Je voudrais que par ton éloquence tu lui fisses entendre raison ; c’est pour cela que je te mande ici. » Le docteur obéit ; il alla voir Calaf et eut avec lui une fort longue conversation. Ensuite il revint trouver Altoun-Kan et lui dit : « Seigneur, il est impossible de persuader ce jeune prince, il veut absolument mériter la princesse ou mourir. Quand j’ai connu que c’était une erreur de prétendre vaincre sa fermeté, j’ai eu la curiosité de voir si son obstination n’avait point d’autre fondement que son amour ; je l’ai interrogé sur plusieurs matières différentes, et je l’ai trouvé si savant que j’en ai été surpris. Il est musulman, et il me paraît parfaitement instruit de tout ce qui regarde sa religion. Enfin, pour dire à votre majesté ce que j’en pense, je crois que si quelque prince est capable de bien répondre aux questions de la princesse, c’est celui-là.

  1. Dans l’enceinte du palais du roi, il y en a plusieurs autres qui sont séparés : un pour le prince, un pour les petits-fils, un pour la reine, un autre pour les princesses, et d’autres encore pour les concubines.