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LES MILLE ET UN JOURS

en trois boucles qu’il avait au milieu de la barbe. Ce monarque, après avoir écouté quelques-uns de ses sujets, jeta par hasard les yeux sur le prince des Nogaïs, qui était dans la foule. Comme il lui sembla que c’était un étranger, et qu’il vit bien à son air noble, ainsi qu’à ses habits magnifiques, que ce n’était pas un homme du commun, il appela un de ses mandarins, il lui montra du doigt Calaf et lui donna ordre tout bas de s’informer de sa qualité et du sujet qui l’avait fait venir à sa cour.

Le mandarin s’approcha du fils de Timurtasch et lui dit que le roi souhaitait de savoir qui il était et s’il avait quelque chose à lui demander. « Vous pouvez dire au roi votre maître, répondit le jeune prince, que je suis fils unique d’un souverain, et que je viens tâcher de mériter l’honneur d’être son gendre. »

XXXIX

Altoun-Kan ne sut pas plutôt la réponse du prince des Nogaïs qu’il changea de couleur ; son auguste visage se couvrit d’une pâleur semblable à celle de la mort ; il cessa de donner audience, il renvoya tout le peuple ; ensuite il descendit de son trône et s’approcha de Calaf : « Jeune téméraire, lui dit-il, savez-vous la rigueur de mon édit et le malheureux destin de tous ceux qui jusqu’ici se sont obstinés à vouloir obtenir la princesse ma fille ? — Oui, seigneur, répondit le fils de Timurtasch, je connais tout le danger que je cours ; mes yeux même ont été témoins du juste et dernier