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CONTES ORIENTAUX

veuve ; je puis vous parler savamment de cela, car c’est un récit que m’a fait souvent ma fille, qui a l’honneur d’être au sérail parmi les esclaves de la princesse. »

XXXIV

« La princesse Tourandocte, poursuivit la vieille hôtesse du prince des Nogaïs, est dans sa dix-neuvième année ; elle est si belle que les peintres qui en ont fait le portrait, quoique des plus habiles de l’Orient, ont tous avoué qu’ils avaient honte de leur ouvrage, et que le pinceau du monde qui saurait le mieux attraper les charmes d’un beau visage ne pourrait prendre tous ceux de la princesse de la Chine. Cependant les divers portraits qu’on en a faits, quoique infiniment au-dessous de la nature, n’ont pas laissé de produire de terribles effets.

Elle joint à sa beauté ravissante un esprit si cultivé, qu’elle sait non seulement tout ce qu’on a coutume d’enseigner aux personnes de son rang, mais même les sciences qui ne conviennent qu’aux hommes. Elle sait tracer les différents caractères de plusieurs sortes de langues ; elle possède l’arithmétique, la géographie, la philosophie, les mathématiques, le droit et surtout la théologie ; elle a lu les lois et la morale de notre législateur Berginghuzin[1] ; enfin, elle est aussi habile

  1. Les Chinois le nomment aussi le prophète Jacmouny. C’est apparemment Confucius. [ws : voir Shakyamuni]