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LES MILLE ET UN JOURS

monté sur le plus beau cheval de mes écuries, tu pourras t’en aller où il te plaira. »

Calaf se prosterna une seconde fois devant le kan, et, après l’avoir remercié de ses bontés, il se rendit à la tente où Elmaze et Timurtasch l’attendaient impatiemment. « Je vous apporte de bonnes nouvelles, leur dit-il ; notre sort est déjà changé. » En même temps il leur raconta tout ce qui lui était arrivé. Cette aventure leur fit plaisir, ils la regardèrent comme une marque infaillible que la rigueur de leur destinée commençait à s’adoucir. Ils suivirent volontiers Calaf, qui les conduisit à la tente royale, et les présenta au kan. Ce prince les reçut fort bien, et leur promit qu’il tiendrait exactement la promesse qu’il avait faite à leur fils. Il n’y manqua pas ; il leur donna dès ce jour-là une tente particulière, il les fit servir par des esclaves et des officiers de sa maison et il ordonna qu’on les traitât comme lui-même.

Le lendemain Calaf fut revêtu de riches habits ; il reçut de la main même du prince Alinguer un sabre dont la poignée était de diamant, avec une bourse remplie de sequins d’or, et ensuite on lui amena un très beau cheval turcoman ; il le monta devant toute la cour, et pour montrer qu’il savait manier un cheval, il lui fit faire cent caracoles d’une manière qui charma le prince et ses courtisans.

Après avoir remercié le kan de toutes ses bontés, il prit congé de lui. Il alla trouver Timurtasch et la princesse Elmaze : « J’ai une extrême envie, leur dit-il, de voir le grand royaume de la Chine, permettez-moi de la satisfaire. J’ai un pressentiment que je me signalerai par quelque action d’éclat, et que je gagnerai l’amitié du monarque qui tient sous ses lois de si vastes États. Souffrez que, vous laissant ici dans un asile où