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CONTES ORIENTAUX

Effectivement, lorsque Calaf fut arrivé à la tente royale, et qu’il y parut avec le faucon, le kan, transporté de joie, courut à son oiseau et lui fit mille caresses. Ensuite, s’adressant au prince des Nogaïs, il lui demanda où il l’avait trouvé. Calaf raconta la chose comme elle s’était passée. Après cela le kan lui dit : « Tu me parais étranger ; de quel pays es-tu et quel est ta profession ? — Seigneur, lui répondit le fils de Timurtasch en se prosternant à ses pieds, je suis fils d’un marchand de Bulgarie qui possédait de grands biens ; je voyageais avec mon père et ma mère dans le pays de Jaïc ; nous avons rencontré des voleurs qui ne nous ont laissé que la vie, et nous sommes venus jusqu’à cette horde en mendiant.

— Jeune homme, reprit le kan, je suis bien aise que ce soit toi qui aies trouvé mon faucon, car j’ai juré d’accorder à la personne qui me le rapporterait les trois choses qu’elle voudrait me demander ; ainsi tu n’as qu’a parler : dis-moi ce que tu souhaites que je te donne, et sois sûr de l’obtenir. — Puisqu’il m’est permis de demander trois choses, repartit Calaf, je voudrais premièrement que mon père et ma mère qui sont à l’hôpital, eussent une tente particulière dans le quartier de Votre Majesté : qu’ils fussent entretenus à vos dépens le reste de leurs jours et servis même par des officiers de votre maison. Secondement, je désire un des plus beaux chevaux de vos écuries, tout sellé et bridé ; et enfin un habillement complet et magnifique avec un riche sabre et une bourse pleine de pièces d’or, pour pouvoir faire commodément un voyage que je médite. — Tes vœux seront satisfaits, dit Alinguer ; amène-moi ton père et ta mère, je commencerai dès aujourd’hui à les faire traiter comme tu le souhaites ; et demain, vêtu de riches habits et