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LES MILLE ET UN JOURS

lui-même, comment pourrai-je nourrir mon père et ma mère ? »

Il s’ennuya d’attendre en vain parmi les portefaix que quelqu’un vînt s’adresser à lui ; il sortit de la horde pour rêver plus librement aux moyens de subsister. Il s’assit sous un arbre, où, après avoir prié le ciel d’avoir pitié de sa situation, il s’endormit. À son réveil, il aperçut un faucon d’une beauté singulière : il avait la tête ornée d’un panache de mille couleurs, et il portait au cou une chaîne de feuilles d’or garnie de diamants, de topazes et de rubis. Calaf qui entendait la fauconnerie, lui présenta le poignet, et l’oiseau se mit dessus. Le prince des Nogaïs en eut beaucoup de joie : « Voyons, dit-il en lui-même, où ceci nous mènera ; cet oiseau, selon toutes les apparences, appartient au souverain de cette horde. » Il ne se trompait pas, c’était le faucon d’Alinguer, kan de Berlas, que ce prince avait perdu à la chasse le jour précédent. Ses grands veneurs le cherchaient dans la campagne, avec d’autant plus d’ardeur et d’inquiétude que leur maître les avait menacés du dernier supplice s’ils revenaient à la cour sans son oiseau, qu’il aimait passionnément.

XXXIII

Le prince Calaf rentra dans la horde avec le faucon. Aussitôt tout le peuple se mit à crier : « Hé, voilà le faucon du kan retrouvé ! béni soit le jeune homme qui va réjouir notre prince en lui portant son oiseau ! »