Page:Les Mille et Un Jours, trad. Pétis de la Croix, 1919.djvu/143

Le texte de cette page a été corrigé et est conforme au fac-similé.
127
CONTES ORIENTAUX

que les Circassiens et les autres troupes auxiliaires n’avaient pu joindre plus tôt. D’abord que Calaf eut reçu tous les secours qu’il attendait, il marcha droit à Jund ; mais à peine eut-il passé Jengikunt, que ses coureurs lui rapportèrent que les ennemis paraissaient et venaient à lui en bataille. Aussitôt ce prince fit faire halte, et disposa ses troupes à combattre.

XXXII

Les deux armées étaient à peu près égales en nombre ; et les peuples qui les composaient n’étaient pas moins belliqueux les uns que les autres. Aussi le combat qui se donna fut-il sanglant et opiniâtre. Il commença le matin et dura jusqu’à la nuit. Des deux côtés, les officiers et les soldats s’acquittèrent bien de leur devoir. Le sultan fit pendant l’action tout ce que pouvait faire un guerrier consommé dans le métier des armes, et le prince Calaf, plus qu’on ne devait attendre d’un si jeune général. Tantôt les Tartares-Nogaïs avaient l’avantage, et tantôt ils étaient obligés de céder aux efforts des Carizmiens. De manière que les deux partis successivement vainqueurs et vaincus, sonnèrent la retraite à l’entrée de la nuit, résolus de recommencer le combat le lendemain. Mais le commandant des Circassiens alla secrètement trouver le sultan, et lui promit d’abandonner les Nogaïs, pourvu que par un traité, qu’il jurerait d’observer religieusement, il s’engageât à ne jamais exiger de tribut des peuples de Circassie, sous quelque prétexte que ce